A l’origine, en 1842, Aloïse Haas a l’idée de transformer une filature en fabrique de pantoufles et d’y accoler une tannerie pour confectionner les semelles. Cette dernière, idéalement située à proximité d’une rivière, l’Andlau, et d’une forêt de châtaigniers (pour les agents tannants), va prendre de l’ampleur avec l’ère industrielle.
Tanneries Haas, un savoir-faire perpétué depuis six générations
L’exigence de la tannerie Haas est vite reconnue. Ses spécialités, au fil des décennies, sont autant d’innovations : le « veau blanc » tanné à base de chêne et de châtaignier, le Box-Calf tanné au chrome, le « veau filature » autrefois utilisé pour les machines à filer, le « Novocalf », médaillé à l’Exposition Universelle de 1958 pour sa souplesse et sa résistance ou encore le Barénia qui se patine si bien…
Après deux incendies et un dépôt de bilan en 1970, la tannerie connait un nouveau départ sous l’impulsion d’un gendre Haas, Roland Müller. L’entreprise se diversifie pour répondre à l’essor de la mode et des accessoires. Une collaboration durable s’engage en particulier avec le maroquinier Longchamp.
L’héritage familial se poursuit depuis les années 1990 avec l’arrivée des deux enfants Müller. Emmanuelle a mis en place un laboratoire qualité de tests et recherches tandis que son frère, Jean-Christophe, dirige désormais une centaine de salariés qui traitent, chaque année, 155 000 peaux.
95% des peaux transformées proviennent d’élevages français, où les veaux fermiers sont élevés sous la mère. « Une vraie différence qui garantit la qualité », selon Jean Christophe Müller, très attaché aux besoins exigeants de ses clients majoritairement maroquiniers (70%). Chaussure, sellerie et prêt à porter contribuent également au développement de l’entreprise qui, entre 1995 et 2005, double sa production et son chiffre d’affaires.
Sur le site de 35 000 m², tradition et innovation vont de pair. La tannerie - régulièrement visitée par les grands noms du luxe - s’est dotée de machines de pointe, d’une station de déchromage tout en faisant réaliser ses foulons en bois d’iroko par le dernier tonnelier alsacien.
La tannerie Haas est aussi activement engagée pour améliorer la qualité et le recyclage de la matière première. Elle finance des dizaines de milliers de vaccins pour traiter les animaux contre le pou et la teigne, deux parasites causant cicatrices et verrues. « Cette action a permis de diviser par quatre le nombre de rebus » », précise le dirigeant. Pour optimiser les déchets, les poils sont systématiquement récupérés (une tonne chaque jour), compactés par exemple pour réaliser des talonnettes tandis que les peaux non validées sont recyclées ou reteintes.
L’innovation, qui a permis par le passé à l’entreprise de se relever, est un enjeu d’avenir pour Jean-Christophe Müller. Son pôle R&D et le service sont clairement deux axes stratégiques orientés vers le secteur du luxe. « Nous devons être à l’écoute de nos clients et leur fournir du « sur mesure »industriel ».