Félicie Bajard, le mariage du cuir et de la porcelaine

Issue de la maroquinerie de luxe, Félicie Bajard défend le « made in France » en mariant cuir et porcelaine.
Article

Son diplôme de designer en poche (Ensci, Paris) lui a donné le goût de l'objet et son travail de fin d'études, centré sur l'accessoire « prothèse », a même attiré l'attention de Louis Vuitton... Une rencontre décisive puisque la créatrice, designer produit pendant quatre ans chez le maroquinier malletier, approfondira sa connaissance et le travail du cuir. Sensible au toucher des matières nobles et à un certain luxe à la française, rare et atemporel, elle change pourtant de cap et fonde en 2008 la Manufacture des Rigoles.

Ses « sacs bijoux » en cuir et détails de porcelaine font aussitôt mouche. En l'espace de quelques mois, elle est distinguée à Frankfurt, Tokyo, Paris. Et intègre en 2009 le dispositif Cuir et Création de CTC, visant à soutenir des projets novateurs liés à l'univers du cuir. Félicie Bajard, familière de la porcelaine, se rapproche ainsi d'une entreprise de Limoges, née à la fin des années vingt. Pierre Beyrand est spécialiste chromiste sur porcelaine et sérigraphe pour l'industrie du luxe. Ensemble ils imaginent de lier plus intimement encore deux matières d'exception à travers un ensemble inspiré par le thé : un kit très raffiné pour l'extérieur, composé d'un cabas en cuir de veau pleine fleur (Tanneries Roux) et d'un carquois en cuir tressé, dépliable, sur lequel se posent, en toute convivialité, tasses et thermos.

La fonction nomade ne fait pas pour autant oublier la dimension innovante du projet. Car les deux protagonistes ont réussi la prouesse d'harmoniser sur les deux matériaux la gamme de couleurs tout en faisant courir, en continu, le dessin délicat de fines étoiles. Les anses du cabas, très subtiles, s'inspirent, elles, de celles de la théière. « Je les ai décalées, précise la styliste, pour les rendre plus ergonomiques et faciliter la prise en main ». Exposé sur le salon Maison&Objet, dans le cadre des binômes Tech&Design, le concept n'a pas manqué d'intéresser. D'autres mariages de matières sont d'ores et déjà en cours, telle la toile de lin du Nord de la France, qui fait la paire dès cet été avec la peau. Et pourquoi pas d'autres développements ? « Le CTC a initié un partenariat riche qui pourrait se prolonger avec d'autres projets de sérigraphie sur cuir. Comme sur des coussins, des objets décoratifs… »