Cuir au Carré habille les murs
Descendant d’une famille de maroquiniers établie en 1976, Cyril Amand s’est d’abord orienté vers une formation en commerce. Mais, familier depuis l’enfance avec la coupe et le parage du cuir dans l’atelier parisien, il change de voie, « habité par l’artisanat. Je suis un manuel, un créatif », affirme t-il. En 2009, il met au point un concept de modules en cuir destinés aux murs. Cuir au Carré est né.
Revêtements à géométrie variable
Le nom de l’entreprise artisanale donne le ton. L’idée originelle est de fabriquer des dalles murales, pérennes, faciles à poser et de belle facture. Carrés et rectangles gainés de cuir sur des panneaux moussés sont les premières formes disponibles, taillés en cuir de vachette pleine fleur ou de taurillon. L’architecte d’intérieur Eric Gizard diversifie, dès 2011, le répertoire formel de Cuir au Carré. Losanges, tubes, arches ou encore étoiles enrichissent les motifs dans un large colorama. La collection baptisée Les Reliefs, par exemple, cultive l’épure avec des polygones et des triangles. Les applications, toutes personnalisables, sont variées : panneautage mural, paroi acoustique, façade de dressing et bien sûr, tête de lit, un « best seller dans le secteur de l’hôtellerie ». La designer Constance Guisset a ainsi imaginé en 2019 une ligne dédiée, graphique et colorée à la fois. Ses têtes de lit se révèlent d’authentiques tableaux décoratifs. Elles soulignent la sensualité du cuir en valorisant des techniques propres au matériau, comme le capitonnage ou la marqueterie.
Une avancée technologique pour le gainage
Les têtes de lit Cuir au Carré x Constance Guisset repoussent aussi les limites d’un produit purement artisanal. La Française a pu, en effet, introduire des formats inhabituels grâce à un outil numérique, acquis en 2018 : une table de découpe numérique multimatériaux, devenue rapidement, selon l’artisan dirigeant, « le centre névralgique de l’entreprise ». Conduite par une opératrice, la machine « a modifié notre process de fabrication en libérant la technique de gainage et en l’adaptant à un nombre infini de formes », explique t-il. Il est possible, par exemple, d’encastrer de très petites pièces de cuir et, comme elle découpe tous les supports de gainage, « elle nous permet d’éviter de recourir à la sous-traitance tout en diversifiant notre offre de manière réactive ».
Artisanat et performance
Cyril Amand est conscient de la singularité de son métier. « Cuir au Carré s’inscrit au carrefour de la maroquinerie, de la tapisserie, du gainage, de la décoration ». La maroquinerie nourrit sa pratique comme en témoignent ses maroquinières gainières, manipulant au quotidien refendeuse et pareuse. « Ces machines utilisées traditionnellement en maroquinerie offrent une plus grande finesse à nos panneaux de cuir sur mesure », précise le spécialiste. Une surpiqûre façon sellier leur apporte, en outre, la touche finale. « Nous exerçons un métier de main, poursuit-il, qui exige ouverture d’esprit et polyvalence ». En proposant des solutions techniques, les artisans créatifs comme Cuir au Carré suscitent l’intérêt des clients prescripteurs ». La TPE est confiante. Dotée d’un showroom professionnel, elle a agrandi ses ateliers à Créteil, dix ans après sa création. La diversification lui a ouvert des marchés en pariant sur la technicité manuelle et numérique. L’entrepreneur Cyril Amand pense déjà aux nouveaux croisements à venir…