Nicolas Maistriaux, la botte secrète de la Maison Clairvoy
Naissance d’une vocation
Avec Nicolas Maistriaux, la Maison Clairvoy - fondée en 1945 - a trouvé chaussure à son pied ! Le jeune dirigeant a toujours été sensible à la chaussure. « Je cirais mes premières baskets que j’apportais chez le cordonnier, se souvient-il. C’était l’époque où l’on prenait soin de ses affaires pour qu’elles durent plus longtemps ». Bac économique en poche, Nicolas Maistriaux recherche une formation en lien avec sa passion et la fabrication. Il débute son apprentissage chez Les Compagnons du Devoir en 1997. Son Tour de France le conduit chez le bottier Pierre Corthay, dans les ateliers de réparation traditionnelle et de podo-orthésie. Il a au préalable effectué un premier stage en tant qu’apprenti au sein de la Maison Clairvoy. Cette première expérience professionnelle s’est révélée décisive. Douze ans plus tard, il reprend les rênes de la maison où il a fait ses premiers pas.
Atelier et boutique face à face
Le Moulin Rouge, dont l’atelier chausse tous les artistes, le rachète en 2006. « Le spectacle était en perte de vitesse, explique l’artisan bottier. Le cabaret m’a demandé de relancer l’activité avec un autre Compagnon. Nous avons commencé par réorganiser la production ». Nicolas Maistriaux, qui connait le métier sur le bout des doigts, est devenu en quelques années le chef d’orchestre de l’atelier où travaillent en permanence un piqueur apprêteur, un monteur finisseur et un apprenti compagnon réparateur. « J’organise la quotidien, poursuit-il. J’exerce tous les postes, excepté le piquage ». Il maîtrise toutes les étapes, de l’achat de la matière première jusqu’au produit fini, en passant par le patronage et le montage. L’écoute fait partie intégrante du métier. De l’autre côté de la rue, à deux pas du Moulin Rouge, l’entrepreneur accueille aussi dans la boutique une clientèle fidèle : des artistes majoritairement, des directeurs de spectacle, costumiers ou stylistes mais aussi des particuliers attirés par la belle facture et la qualité artisanale.
Le soulier, un outil de travail
Le responsable de la Maison Clairvoy a beau exercer un métier rare - bottier de spectacle - il garde intactes sa rigueur et sa modestie. « C’est un métier très enrichissant humainement, assure t-il. Ce qui est très intéressant, c’est l’évolution du produit qui se transmet. C’est tout à fait vrai des arts du spectacle. La durée de vie des chaussures est bien plus longue celle des danseuses… » La technicité des chaussures de scène est une évidence. Au-delà de l’esthétique, elles doivent être résistantes, confortables, d’une grande stabilité. « Il y a une vraie sollicitation sportive du soulier, ajoute l’artisan. On change régulièrement la première de propreté, la semelle, le patin d’usure… La réparation représente environ un tiers de l’activité. Elle est décisive. Il faut être rapide. Elle nous donne aussi plus de liberté ». Parce que les danseuses ont voulu conserver certains modèles pour la ville, la maison Clairvoy s’est mise à créer une ligne féminine et masculine. Avec la même exigence. En 2012, le label EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant) est venu couronner un métier créatif de l’artisanat du luxe, mené de pied ferme dans la ville Lumière.