Il est difficile de dater précisément l’invention qui permit de transformer la peau animale en cuir. Les cuirs les plus anciens remontent approximativement à 8000 ans avec J.C. L’industrie du tannage, contemporaine des débuts de l’humanité, n’a eu de cesse d’adapter le cuir aux besoins quotidiens de l’homme.
Le tannage, de la peau au cuir
Sous l’impulsion des chimistes
Si le moyen âge marque la naissance des métiers du cuir, la tannerie demeure longtemps une industrie d’appoint. Elle est pratiquée sous une forme artisanale, familiale, rurale, jusqu’à la fin du XVIIIème siècle. Les débuts de la chimie organique modifient profondément les procédés de fabrication. En particulier, le tannage au chrome datant des années 1880. Le tannage jusqu’alors assez approximatif devient une série d’opérations précises (une trentaine en moyenne). L’artisan se transforme en industriel, le petit atelier en usine. La création en 1899 à Lyon de l’Ecole Française de Tannerie - aujourd’hui ITECH - accompagne l’évolution rapide de la tannerie française.
Un process long et complexe
Les différentes opérations de tannage sont décrites dans l’Encyclopédie de Diderot (1751) aux articles « cuirs », « corroyer », « tanner ». Beaucoup de gestes sont inchangés, l’évolution porte surtout sur les produits permettant d’optimiser les étapes. La première d’entre elles transforme la peau brute en peau prête à être tannée. C’est le travail de rivière. Le tannage proprement dit commence avec le trempage, dans des foulons, de la peau stabilisée avec des agents tannants. Les plus anciens sont les tannins végétaux (écorces d’arbres, feuilles, racines), encore utilisés pour fabriquer le cuir à tannage végétal. Mais le plus répandu - 85% de la production mondiale - est le tannage au chrome, sous sa forme chrome III (sulfate de chrome). Les peaux tannées sont enfin envoyées en corroyage et finissage, où elles sont contrôlées, embellies avant d’être orientées selon les commandes et les utilisations finales.
Trois facteurs géographiques
Les tanneries et mégisseries françaises sont historiquement implantées dans des régions d’élevage à proximité de rivière et de forêt de châtaigniers en particulier. Ces trois conditions essentielles ont permis la concentration de plusieurs sites très actifs, répartis en Bretagne, Normandie, région parisienne, Alsace, Touraine, Val de Loire… Il faut aussi citer les villes de Millau, Graulhet ou Saint-Junien, réputées pour les mégisseries et gantiers. La tannerie remonte par exemple au XIVème siècle à Romans, où les tanneurs s’appelaient « cuiretiers » ou « coyratiers ». Château-Renault a été nommé au XIXème siècle « la ville tannerie » avant d’être rebaptisée « cité du cuir ».
Un savoir-faire de renommée internationale
Grandes peaux (vaches, veaux, taureaux) et petites peaux (chèvres, agneaux, peaux exotiques), respectivement transformées par les tanneurs et mégissiers français sont mondialement réputées. La production de cuirs finis de très haute qualité est plus que jamais une priorité pour ces fournisseurs experts, œuvrant pour l’univers du luxe dans la maroquinerie, la chaussure, la ganterie, l’habillement, l’ameublement. Techniciens qualifiés et ingénieurs cuir, sensibles à l’innovation et au développement durable, sont des profils de plus en plus recherchés.