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La consommation raisonnée du cuir

L’occasion, rebaptisée seconde main, est un mode de consommation engagé, particulièrement porteur. Naturellement pérennes et réparables, les produits en cuir occupent une place légitime au sein d’un marché en pleine expansion.
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La seconde main est devenue un marché de premier plan ! Avec une croissance annuelle estimée à 15-20%, son marché devrait dépasser celui de la fast fashion d’ici la fin de la décennie. Ses consommateurs de plus en plus nombreux plébiscitent spécialement les pièces de cuir, sélectionnées avec soin pour leur qualité et leur durabilité.

Transformer l’occasion en réflexe

Le commerce de l’occasion s’inscrit dans une logique de développement durable, ce qui n’a en soi rien de révolutionnaire… Mais comme le précise Nicolas Delattre, professeur à l’Institut Français de la Mode (IFM), le produit d’occasion a retrouvé toutes ses lettres de noblesse. « On présente l’occasion comme un nouveau marché mais il a toujours existé ! Lorsqu’on souhaitait se débarrasser d’un produit, jusqu’alors récemment, il n’existait que les associations, les vide-grenier, les brocantes et les dépôts-ventes destinés aux pièces de luxe signées. Aujourd’hui, l’économie circulaire valorise l’achat de seconde main, popularisé par les acteurs digitaux ». Les nouveaux venus en ligne ont rapidement bouleversé l’organisation parmi les opérateurs de la fripe, du tri, de l’économie sociale et solidaire (ESS). A commencer par Vinted, application au succès viral, née en Lituanie en 2008 et présente en France depuis 2013. Les sites marchands ne cessent, depuis, de gagner des parts de marché et de bousculer les codes de la consommation. Une mutation qui s’est brusquement accélérée avec la pandémie de Covid-19.

Consom’acteurs et motivations

La crise sanitaire a donné une nouvelle ampleur aux remises en question sociales et environnementales. A l’heure où la durabilité est devenue un critère essentiel à prendre en compte, la pièce de seconde main combine les vertus : limiter les déchets autant que le gaspillage et favoriser le réemploi. Les jeunes générations Y (millennials) et Z (Gen-Z) sont les plus impliquées en matière d’éco-responsabilité. L’économie d’usage, qui les pousse à acheter/vendre plutôt qu’à posséder, leur est familière. Ces consom’acteurs ne sont pas les seuls profils. Si la nécessité économique demeure indissociable de l’achat d’un article d’occasion, « donner une seconde vie influe directement sur la valeur de la singularité », affirme l’agence de tendance Carlin. Chaque produit est par nature unique ; il a sa propre histoire et sort des sentiers battus. C’est particulièrement vrai des pièces de luxe de seconde main, volontiers de belle facture en cuir. Les Birkin, Kelly (Hermès), le Speedy (Louis Vuitton) et bien sûr les Timeless ou 2.55 (Chanel) comptent parmi les « classiques » à forte valeur ajoutée de la maroquinerie. La seconde main est alors l’occasion de dénicher une « pépite » vintage, sortie du circuit de production/commercialisation.

Le 2.55, signature de Chanel, est l’un des sacs les plus vendus au monde.

Des concepts vertueux et ingénieux

Le dépôt-vente de luxe Vestiaire Collective occupe une place de choix dans la pratique de la seconde main. Né après la crise de 2008, le site français - soutenu entre autres par Cuir Invest - a vite grandi au point de devenir une « licorne », c'est-à-dire une start-up du numérique valorisée à plus de un milliard de dollars. L’e-commerçant leader mondial a analysé, dans une étude menée en 2020 avec Boston Consulting Group (BCG), les tendances de la seconde main. « Les consommateurs plébiscitent des articles plus classiques, de qualité, qui résistent à l’épreuve du temps et qui s’avèrent être des investissements judicieux ». Le cuir est un matériau de prédilection, la maroquinerie et la chaussure représentant respectivement 50% et 1/5 de l’offre. Clara Chappaz, en charge du développement, poursuit. Nos « fashion activists » aspirent à posséder moins de pièces, à en prendre davantage soin pour réduire la surconsommation ». Les marques ont emboité le pas progressivement aux pures players, intégrant la fin de vie de leurs produits au sein de leur offre. C’est le cas de Weston Vintage et Comme Neuves by Bocage (groupe Eram), qui reconditionnent leurs chaussures usagées avant de les remettre en vente. Aigle, de son côté, a inauguré son service de seconde main Re-cycle tandis que la créatrice Amélie Pichard incite ses consommatrices à revendre ou acheter ses collections à travers les petites annonces. Le vivier de consommateurs est en pleine croissance. Nul doute que la mode va expérimenter de nouveaux services autour de la seconde main.