Cuir à tannage végétal, le retour gagnant

Le cuir à tannage végétal est un procédé ancien qui perdure et séduit les amateurs d’authenticité et d’éco-conception. Ses caractéristiques physiques et esthétiques lui donnent une vraie singularité tout en lui ouvrant de nombreux débouchés.
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Les spécialistes du tannage végétal ont une devise pour le qualifier : « du tan et du temps ». Cette méthode pour transformer la peau brute en cuir fini est la plus ancienne de l’humanité. Précieusement entretenue et transmise, elle caractérise une grande diversité de produits totalement durables, au toucher ferme et sensuel, à la patine unique.

Fidèle ami de l’homme

Les anciens immergeaient déjà les peaux dans des bains composés de substances végétales. L’écorce de chêne - largement répandue - est sans conteste la plus utilisée et traditionnellement l’une des plus riches en tanins. Le tannage végétal est jusqu’à la fin du XIXème siècle la méthode en vigueur. Mais le process est long et n’autorise que des teintes foncées. Face à l’invention du procédé au chrome, les peties tanneries spécialisées ont été les premières à disparaitre. Un virage s’opère à la fin du XXème siècle lorsque les entreprises se convertissent au développement durable. Les tanins végétaux, biodégradables, font écho aux préoccupations écologiques de notre époque. Au troisième millénaire, la méthode ancestrale – raccourcie et améliorée – retrouve ses lettres de noblesse. Elle est plébiscitée au sein d’une « culture de l’artisanat », défendue par des marques comme Olivia Clergue ou Louise Carmen.

Un cuir de bonne nature

Beige rosé à l’origine, le cuir à tannage végétal « bronze » à la lumière du jour à mesure qu’il vieillit. Sa faible stabilité aux rayons ultra-violets est sa plus grande originalité. Loin d’être un handicap, elle apporte une marque de noblesse et de naturel. La marque Laperruche a fait le choix du cuir de veau à tannage végétal car il « laisse joliment filtrer les irrégularités naturelles de la peau ». Pour le créateur de sacs en cuir et bois Damien Béal, « sa patine vivante appuie le caractère unique de chaque création ». Sa fermeté, voire sa rigidité rendent particulièrement solides, sacs et bagages. La sellerie compte d’ailleurs parmi les plus anciennes applications du cuir à tannage végétal. Objets moulés et décoration d’intérieur profitent également de sa résistance mécanique. Son inocuité et sa bonne absorption de l’humidité conviennent enfin aux chaussures, articles orthopédiques et semelles, comme en témoignent les marques French Théo, Jacques et Demeter…

Marché de niche

Les tanneries et mégisseries françaises sont totalement respectueuses des normes européennes environnementales drastiques. Les spécialistes du cuir à tannage végétal ne font pas exception. C’est le cas parmi d’autres des tanneries de Chamont, d’Alran, Arnal, Raynaud Jeune… Leur technique artisanale se révèle délicate à réaliser car le cuir à tannage végétal exige soin et attention. Il craint en effet la chaleur et ne peut être teinté dans des coloris clairs sans finissage supplémentaire. Selon la mégisserie Jullien, « le cuir de maroquinerie doit résister aux différents taux d’humidité pour l’export ». Pour Fortier Beaulieu, « le marché réclame de la souplesse, de la couleur, ce qui peut favoriser les qualités au chrome ». Ce spécialiste depuis 1840 n’en propose pas moins « des articles très naturels pour le luxe ». Avec son hâle naturel, ce cuir de spécialistes ennoblit des modèles éco-responsables à forte valeur ajoutée.

Les Tanneries de Chamont produisent en Dordogne des cuirs destinés à la sellerie

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