Damien Béal, l'ébéniste maroquinier

Formé chez les Compagnons du Devoir, Damien Béal a créé la première marque de maroquinerie française en cuir et bois. Son originalité créative et son savoir-faire artisanal lui permettent de se démarquer.
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L’union réussie de deux matériaux nobles

Sa passion pour le bois remonte à l’enfance. Mais elle n’est pas la seule… Lorsqu’une amie lui demande d’accessoiriser un défilé de mode avec un sac, le jeune menuisier a l’idée d’associer le cuir au bois et achète sa première peau. Ce sera un collet tannage végétal couleur chocolat ! « Le bois donne sa structure au sac mais il devait être cousu », explique t-il. L’artisan apprend la couture point sellier et met au point La Ninetta, le sac à main qui lancera sa marque. En 2016, il ouvre à Versailles son atelier boutique. Chaque sac est unique, combinant multipli de bouleau, « naturellement solide » et cuir de vache bretonne tanné avec des pigments végétaux qui se patine au fil du temps.

Artisanat d’exception

L’épure est le fil conducteur de la collection, moderne et vintage à la fois. Damien Béal a gardé en mémoire la boîte couture de sa mère. Ses recherches créatives l’ont naturellement poussé à construire des volumes unisexes fonctionnels, librement inspirés des « nécessaires de métiers ». Les noms sont évocateurs. Le Strict Minimum est une pochette nomade atypique et La Pause Weekend, un généreux sac de voyage… « Pour valoriser le mariage des matériaux, je simplifie au maximum », précise le créateur. Chaque pièce, personnalisable dans la couleur de son choix, est datée, numérotée. L’exclusivité s’illustre aussi à travers des éditions limitées, réalisées avec L’Artisan Tatoueur, le chanteur Tété, un street artist… Le sac à dos signé avec Hors Studio combine bois sculpté et cuir embossé à la main avec une planche gravée à la machine laser. « Les collaborations permettent de raconter une histoire, d’échanger autour de savoir-faire complémentaires, de développer la visibilité ».

Indépendance et notoriété

Damien Béal est créatif et polyvalent. Parallèlement à sa maroquinerie, il a imaginé un luminaire, une horloge, un nichoir pour oiseaux et même un vélo urbain en bois et cuir… Selon lui, « un sac se vend plus facilement à côté d’autres objets » et donne des idées… Telle la commande de sacs pour le concept car d’un constructeur automobile. L’artisan d’art l’assure. Son approche libre et les valeurs acquises auprès des Compagnons du Devoir sont des atouts. Ses sacs « made in France » sont vendus en Chine - son marché le plus important -, au Japon, en Suisse, à Paris chez Empreintes ou 107 Rivoli... « J’ai démarré en m’autofinançant pour acheter les matières premières, ajoute le jeune entrepreneur. Je fabrique 500 sacs par an, je prévois le double. La croissance est régulière et la marque est rentable ». Aujourd’hui, en tandem avec son ancienne apprentie, Damien Béal assure que les demandes de stages en maroquinerie ne cessent d’augmenter. Pour celui qui aimerait créer sa propre manufacture, « la plus value artisanale possède un potentiel certain».